lettre d’Infos #03 [Septembre 25]
🟠 L’édito – Rentrer autrement : entre repères et renouveau
Qu’éveille en vous le mot rentrée ? Un enthousiasme porté par l’odeur des livres neufs ? Ou plutôt, une tension constante, le regard rivé à la montre ?
La rentrée parle de mouvement : « rentrer à nouveau », revenir à nos repères, retrouver nos habitudes, reprendre le fil. Oui, et c’est bon. Car les routines rassurent, structurent le collectif, allègent notre charge mentale en nous évitant de tout réinventer. Elles sont précieuses.
Mais la rentrée n’est pas qu’un simple recommencement.
Pour rester vivant·e·s, motivé·e·s, inspiré·e·s, nous avons aussi besoin de nouveauté. Sans elle, l’énergie s’épuise, la curiosité s’endort. Reprendre « comme avant », c’est risquer de rendre les mois à venir bien lourds… Et c’est à éviter, par les temps qui courent !
Osons le mélange : conservons les rituels qui nous ancrent, et ouvrons les fenêtres qui laissent entrer l’air pur. Cette lettre d’infos est justement là pour ça : vous aider à explorer ce jeu subtil, cette tension féconde entre repères et renouveau.
Joyeuse rentrée à toutes et tous ! Marie-Laure

Routines et innovations : comment rentrer autrement sans se perdre ni s’épuiser ?
La rentrée évoque toujours un double mouvement : retrouver ses repères et, en même temps, se projeter vers de nouveaux possibles.
C’est cette tension féconde — entre continuité et renouvellement — qui mérite aujourd’hui d’être explorée. Car si la routine nous sécurise, elle peut aussi devenir pesante. À l’inverse, l’innovation nous stimule, mais sans ancrage elle peut nous égarer. Alors, comment trouver l’équilibre ?
Les vertus de la routine
Les chercheurs en neurosciences sont unanimes : les routines jouent un rôle protecteur. Elles permettent d’économiser notre énergie mentale en réduisant le nombre de micro-décisions quotidiennes. On estime qu’un adulte en prend entre 33 000 et 35 000 par jour (Harvard Business Review) : c’est dire si la routine soulage !
Comme l’explique la psychologue Judith Beck du Beck Institute
« L’habitude est l’un des meilleurs alliés de la motivation, car elle contourne la tentation permanente de renoncer »
Dans notre époque et dans ce monde où la complexité et l’incertitude poussent parfois à “lâcher l’affaire”, les routines sont une force : elles permettent de tenir un cap exigeant, même quand tout semble vaciller.
Elles rassurent aussi les équipes. Dans un contexte professionnel instable, savoir que la réunion du lundi matin ou le point projet du jeudi ne bougera pas crée une assise psychologique. Une étude publiée dans la Harvard Business Review (2025) montre que les rituels collectifs renforcent le sentiment d’appartenance et la confiance, même lorsqu’ils paraissent anodins.
👉 Connaissez vous la Bananeraie de Michel et Augustin ? C’est le siège de la marque. A une époque, les portes s’ouvraient au grand public pour partager un moment convivial autour de biscuits, d’échanges libres et d’anecdotes. Ce rituel a forgé l’image de proximité et de transparence de la marque, tout en servant de laboratoire de test direct pour leurs produits.
Alors oui, les routines structurent le collectif et évitent que chacun ait l’impression de recommencer de zéro à chaque rentrée.
Quand la répétition étouffe
La routine a aussi un revers. La répétition peut mener à l’ennui, à la perte d’attention, voire aux erreurs : le geste mécanique devient hypnotique, nous agissons sans conscience.
Les chercheurs en psychologie cognitive rappellent que notre cerveau a besoin de variété pour rester en alerte. Sans nouveauté, la dopamine — neurotransmetteur du plaisir et de la motivation — chute.
Le phénomène du “blues de la rentrée” illustre bien cette ambivalence. Une enquête Harris Interactive (août 2022) montrait que 49 % des Français ressentent une forme de déprime au moment de la reprise. En cause : le contraste entre la liberté des vacances et la rigidité des habitudes retrouvées.
En entreprise, cette lourdeur se traduit parfois par un mode “pilotage automatique” : les équipes déroulent les process, mais sans énergie. C’est l’un des terreaux du quiet quitting. 👉 Ce terme popularisé en 2022 décrit une attitude de retrait discret : le collaborateur ne démissionne pas officiellement, mais il ne s’engage plus que sur le strict minimum. Pas de zèle, pas d’initiatives supplémentaires. Ce n’est pas une paresse, mais une réaction au sentiment d’être pris dans un système trop rigide, qui ne reconnaît ni l’effort ni le sens.
L’art du juste équilibre : cap sur des « routines innovantes » !
« La tradition, c’est nourrir le feu, non pas adorer les cendres. » G.Mahler
La clé n’est pas de choisir entre routine et innovation, mais d’explorer ce jeu subtil : assez de repères pour rassurer, assez de renouveau pour stimuler.
Transposer cette dynamique dans le management peut devenir un levier immense… et pas forcément si compliqué (Testez nos 10 bonnes pratiques, elles sont à la fin de la lettre).
Mais reconnaissons-le : le premier frein, c’est souvent nous, managers et dirigeants. Pourquoi ? Parce qu’hyper-sollicités, nous jonglons en permanence entre contraintes à gérer et opportunités à saisir.
Envahis par la charge mentale et les responsabilités, nous avons tendance à balayer d’un revers de main, les propositions nouvelles.
Et pourtant… prêter attention aux idées, aux alertes ou même aux signaux faibles venus des collaborateurs, des clients ou de partenaires, pourrait ouvrir de nouvelles pistes, faire émerger des compétences, renforcer la robustesse de l’entreprise et réactiver l’engagement.
Oui, la rentrée est une chance de ne pas rejouer mécaniquement le scénario de l’année passée. Elle peut devenir un laboratoire de ce mariage subtil entre continuité et exploration.
Pour chaque manager, l’enjeu c’est plus de créer une dynamique équilibrée que d’imposer un rythme : assez de repères pour rassurer, assez d’innovation pour inspirer. Et cela commence par soi-même !
👉 Retrouvez dans la rubrique « Le Degré en plus » des idées très concrètes pour revisiter la rentrée avec 10 pratiques simples à tester dès demain.

« Depuis la rentrée, je sens mes équipes à la peine : difficile de retrouver le rythme, de se remettre dans le flot. Les Aoûtiens semblent encore en mode vacances, et les Juilletistes paraissent déjà épuisés. Comment accompagner le mouvement sans ajouter de pression ? »
👉 C’est un constat fréquent ! La rentrée est un moment ambivalent : elle porte à la fois l’élan du neuf et la lassitude d’un retour “à la normale”.
Le cerveau aime les routines, elles rassurent, mais il a aussi besoin de variété pour rester motivé.
Penser qu’on peut reprendre “comme avant” peut vite créer une lourdeur préjudiciable à l’énergie de l’équipe.
Alors, quelle posture adopter comme manager ?
- Commencez par vous situer vous-même : comment vivez-vous cette rentrée ? Et oui, votre énergie se diffuse partout, positivement ou négativement !
- Clarifiez les besoins réels : ceux de vos clients, de vos collaborateurs, mais aussi les vôtres. Cela vous aidera à ajuster le tempo sans forcer ni freiner.
Car au fond, ce n’est pas la vitesse qui compte, mais la dynamique : une rentrée réussie, c’est quand chacun sent qu’il avance… sans perdre son souffle.
👉 Pour des pistes concrètes, filez dans le Degré en plus : 10 bonnes pratiques pour transformer cette rentrée en un moment qui fera date !

Le chiffre de la rentrée n’est pas optimiste !
88 % des Français estiment que le pays va dans la mauvaise direction.
Un chiffre vertigineux, publié cet été par l’institut Destin Commun.
Il ne dit pas seulement une inquiétude politique ou sociale. Il révèle un état d’esprit collectif : lassitude, perte de repères, désorientation.
Et pourtant, dans ce climat incertain, les entreprises ont un rôle à jouer.
Pas pour tout réparer, non. Mais pour offrir ce qu’elles peuvent à leur échelle : un cap, un cadre, une culture.
Car une équipe, c’est aussi un lieu d’espérance.
Un espace où l’on peut retrouver du sens, se sentir utile, apprendre, avancer.
La rentrée est l’occasion de replanter ces balises. Pas à coups de slogans, mais par des gestes simples : un projet partagé, une écoute sincère, une clarté retrouvée.
À défaut de changer le monde, l’entreprise peut cultiver des îlots de confiance.
Et c’est déjà beaucoup, par les temps qui courent !

Céline Haller, l’enseignante qui réinvente la rentrée
C’est la rentrée, alors, une fois n’est pas coutume, mettons à l’honneur celles et ceux qui œuvrent sans relâche pour nos enfants et pour l’avenir : les enseignants !
Et cette année, la France a brillé : Céline Haller, professeure à l’école élémentaire Rosa Parks de Strasbourg (en REP+), a intégré le Top 10 mondial du Global Teacher Prize 2025.
👉 Ce prix, considéré comme le “Nobel de l’enseignement”, est décerné chaque année par la Varkey Foundation et l’UNESCO. Il récompense les enseignants les plus inspirants et innovants au monde, ceux qui transforment l’apprentissage et la vie de leurs élèves.
Le projet de Céline Haller ?
Une idée simple et géniale : transformer un moment ordinaire — le petit-déjeuner en classe — en levier pédagogique et social. Avec ses élèves, elle fait des mathématiques en partageant une tablette de chocolat, de la géographie en retraçant le voyage d’un kiwi, ou encore de l’écologie en calculant l’empreinte carbone d’un repas.
Résultat : les enfants apprennent mieux, mais surtout ensemble, dans la convivialité et la curiosité.
Son approche illustre parfaitement ce que signifie “rentrer autrement” : donner une nouvelle valeur à des rituels quotidiens, pour en faire des moments de lien, de sens et d’apprentissage.
👉 Managers, inspirez-vous-en : et si vous repensiez vous aussi les temps les plus banals (réunions, pauses café, briefs du lundi) pour en faire des espaces d’ancrage collectif, de résolution de tensions ou de créativité ?
Céline Haller nous rappelle qu’innover n’est pas forcément inventer de grandes révolutions : parfois, c’est simplement changer le regard sur ce que l’on vit chaque jour.

Les 10 bonnes pratiques du ‘Degré en Plus’ pour une ‘rentrée autrement’
- Prendre son propre pouls Avant de relancer vos équipes, demandez-vous : comment vivez-vous cette rentrée ? Avec enthousiasme ou lassitude ? Votre énergie est contagieuse — alignez-la avant de la diffuser.
- Adopter la posture Max Goodwin Comme le médecin de New Amsterdam, pratiquez le Humble Inquiry : au lieu de demander « comment avancer plus vite ? », demandez « que puis-je faire pour vous aider ? ». Ce simple décalage change la dynamique.
- Sortir des murs Organisez la réunion de rentrée dans un lieu inattendu : parc, café, musée… L’effet de surprise libère la parole et stimule la créativité.
- Capitaliser sur les vibes de l’été Proposez à chacun de partager un souvenir de vacances (photo, objet, anecdote). Léger, convivial, fédérateur.
- Redonner du sens dès le départ Rappelez le cap, les réussites passées et la vision. Une rentrée réussie, c’est quand chacun comprend pourquoi ses efforts comptent.
- Réaffirmer le droit à la déconnexion Affichez-le clairement : non aux mails nocturnes, oui à des limites saines. Ce signal protège la santé et crédibilise le management.
- Démarrer comme les sportifs Privilégiez des objectifs intermédiaires atteignables. Les petites victoires relancent la motivation et créent l’élan.
- Installer un rituel de réflexion Inspirez-vous des philocognitifs : introduisez une pause réflexive hebdomadaire (mind-mapping, question-phare). Cela structure l’énergie et nourrit le sens.
- Oser une micro-innovation organisationnelle Horaires décalés, télétravail progressif, suppression d’une réunion inutile… Un petit changement peut créer un grand souffle de nouveauté.
- Prévoir un “point énergie” Trois semaines après la reprise, organisez un check collectif : comment chacun se sent ? Quels ajustements simples pour prolonger les bénéfices de l’été ?

